Noël ou la fragilité de Dieu


Il y avait dans le même pays des bergers...

Essayons de sortir de l’imagerie champêtre. Les premiers à connaître cette naissance sont des bergers. C’est un choix de Dieu. Pourquoi des bergers ? Au début de l’évangile de Luc, c’est un choix fort. Les bergers sont de mauvais pratiquants de la Loi car leur travail les empêche de pouvoir l’observer. Ce sont des gens méprisés, non considérés. Et ce sont eux qui sont choisis comme premiers visiteurs de l’enfant qui est né. Une manière de dire : Dieu est honoré par leur présence et l’enfant qui est né n’aura de cesse dans sa vie de les accueillir pour leur redonner leur dignité. Nous avons déjà là, tout le programme du Royaume.

Regardons ce qu’ils font, ce qu’ils disent, ce qu’ils entendent. Essayons d’entrer dans leur joie, l’estime d’eux-mêmes que déjà Jésus bébé est capable de leur donner.

Elle accoucha de son fils premier-né...

Regarder cette mise au monde. Ne pas hésiter pas à la regarder dans le plus concret. Celles qui sont mères parmi nous ont l’avantage de l’expérience vécue dans la chair.
Regarder cet enfant qui est mis au monde et ce que notre foi nous en dit :
Verbe fait chair, Dieu mis au monde.
Nous laisser étonner. Dieu qui vient à naître, Dieu qui vient au monde.
Sentir que cela bouleverse nos images de Dieu. Cela dit du neuf en Dieu, du jaillissement, de la nouveauté, du mouvement. Alors que nous voyons souvent Dieu du côté de l’immobilité.
Verbe dans la fragilité d’un enfant. Il peut donc y avoir de la fragilité en Dieu, de la petitesse alors que nous le voyons du côté de la puissance et de la grandeur. Ici, un enfant qui peut pleurer, qui a faim, qui boit le lait du sein de sa mère.
– Se laisser toucher par cela.
– Et peut-être sentir nos résistances à accueillir ce que Dieu donne à voir de lui dans sa fragilité.

Elle l'emmaillota...

– Regarder comment Marie prend soin de lui.
– Oser nous aussi prendre soin de lui.
Demander à Marie de nous permettre de le prendre dans nos bras
Si nous le faisons, il nous sera peut-être donné de vivre plus profondément que Dieu a besoin de nous, de nos soins, de notre attention.
Cela aussi peut bousculer nos images. Habitués à vouloir que Dieu prenne soin de nous, ici, le voir qui a besoin de nous et prendre soin de lui.
C’est peut-être entrer dans une vie spirituelle adulte qui donne et se donne après avoir beaucoup reçu.

Une mangeoire...

Étonnant cette insistance pour dire trois fois qu’il est mis, couché dans une mangeoire. (Verset : 7, 12, 16) Une mangeoire, c’est un endroit où l’on met la nourriture pour les animaux.
Jésus dira un jour : « prenez et mangez, ceci est Mon Corps livré pour vous ». Ce corps est déjà là, à la crèche, pour être nourriture de vie.
– Regarder Dieu dans une mangeoire et le regarder quand il prend le pain à la Cène.
– De la Crèche à la Cène, de la Cène à la Crèche. Y voir Dieu qui Se donne.
– Entrer dans une attitude d’accueil : Recevoir de Lui
Y répondre en voulant prendre soin de lui.
Va-et-vient d’une véritable amitié.

Marie, elle retenait tous ces événements en cherchant le sens...

M’approcher de Marie et dialoguer avec elle.
Lui demander comment elle a vécu tout cela. Lui partager ce que cela provoque en nous, en moi, d’être témoins de cet événement

Sœur Michèle Jeunet, communauté de Versailles 

Prière du moment