Le « Car-Aime » pour sœur Marielle
Je crois que j’ai compris le sens du carême dans ma vie il y a seulement quelques années. Avant, c’était un rendez-vous important avec le Seigneur, où je me fixais de grands objectifs (tempérament passionné oblige) et qui finissait souvent avec un goût de raté en réalité. A la mi-carême, je me disais « Bon, allez, je m’y mets ! » et je me redisais la même chose dix jours avant Pâques. Bref ! Mon carême avait tout des bonnes résolutions du nouvel an.
Depuis une dizaine d’années, le carême est devenu un temps plus simple et à la fois plus fort encore pour moi, mais aussi un temps heureux. Je ne sais pas si « heureux » est le premier mot qui vient en tête quand on pense au carême. Si on pense : pénitence, privation et effort, c’est sûr que ça ne parle pas tout de suite de joie. Or j’ai réalisé que le Dieu de Jésus-Christ que je suis ne m’appelait pas à la mortification une fois par an pour devenir parfaite, il m’invite à la conversion chaque jour.
Je crois que j’ai compris le sens du carême dans ma vie il y a seulement quelques années. Avant, c’était un rendez-vous important avec le Seigneur, où je me fixais de grands objectifs (tempérament passionné oblige) et qui finissait souvent avec un goût de raté en réalité. A la mi-carême, je me disais « Bon, allez, je m’y mets ! » et je me redisais la même chose dix jours avant Pâques. Bref ! Mon carême avait tout des bonnes résolutions du nouvel an.
Depuis une dizaine d’années, le carême est devenu un temps plus simple et à la fois plus fort encore pour moi, mais aussi un temps heureux. Je ne sais pas si « heureux » est le premier mot qui vient en tête quand on pense au carême. Si on pense : pénitence, privation et effort, c’est sûr que ça ne parle pas tout de suite de joie. Or j’ai réalisé que le Dieu de Jésus-Christ que je suis ne m’appelait pas à la mortification une fois par an pour devenir parfaite, il m’invite à la conversion chaque jour.
Et aujourd’hui, je traduis « conversion » par « ouverture plus grande à la vie et à la joie ». Vu comme ça ! OK pour la conversion alors !!!
Les trois piliers du carême pour moi : un réajustement de mon temps, un accueil renouvelé de la Parole de Dieu comme le cœur de ma vie (ce qui me fait vraiment vivre), le jeûne et l’aumône vont ensemble et ils ont une dimension à la fois matérielle et spirituelle pour moi. Je m’explique…
D’abord la question du temps !
J’ai souvent le sentiment de courir après le temps. Je ne sais pour le reste de l’humanité, mais de mon côté, le temps s’enfuit et je le remplis avec bien trop de « choses à faire » (c’est probablement pour cela qu’il s’enfuit).
Un combat très régulier, c’est d’être simplement dans le moment présent. Alors lorsque revient le carême, j’entre dans ce temps qui m’est offert chaque année pour reprendre conscience de ma marche à la suite du Christ, pour me remettre humblement à le suivre, à marcher à ses côtés, un jour après l’autre. Je redonne mon temps au Seigneur d’une certaine manière et j’essaye d’en faire usage à la manière du disciple qui reçoit tout de son maître. Deux exemples tout simples : me disposer le cœur pour accueillir plus paisiblement les imprévus de chaque jour, plutôt que de lutter contre eux ; prendre un temps de relecture au début du carême pour voir quels sont les manques de réalisme dans la manière dont j’organise mon temps et prendre quelques décisions pour être plus juste dans ma manière de m’organiser (c’est renoncer d’une certaine manière à me prendre pour Dieu et à croire que je peux tout faire sans prêter attention au temps que me demandent les choses).
Un combat très régulier, c’est d’être simplement dans le moment présent. Alors lorsque revient le carême, j’entre dans ce temps qui m’est offert chaque année pour reprendre conscience de ma marche à la suite du Christ, pour me remettre humblement à le suivre, à marcher à ses côtés, un jour après l’autre. Je redonne mon temps au Seigneur d’une certaine manière et j’essaye d’en faire usage à la manière du disciple qui reçoit tout de son maître. Deux exemples tout simples : me disposer le cœur pour accueillir plus paisiblement les imprévus de chaque jour, plutôt que de lutter contre eux ; prendre un temps de relecture au début du carême pour voir quels sont les manques de réalisme dans la manière dont j’organise mon temps et prendre quelques décisions pour être plus juste dans ma manière de m’organiser (c’est renoncer d’une certaine manière à me prendre pour Dieu et à croire que je peux tout faire sans prêter attention au temps que me demandent les choses).
La Parole de Dieu est le cœur de ma vie:
Je la médite, je contemple le Seigneur grâce à elle, j’apprends à le découvrir à l’œuvre dans ma vie, je l’étudie aussi (je suis passionnée par le travail du texte en hébreu)… et puis elle est le cœur de ma mission. C’est grâce à la Parole de Dieu que nous offrons aux gens la possibilité de vivre des temps de retraite et de découvrir l’amour infini de Dieu pour chacun d’eux. Pendant le Carême, nous sommes invités à revenir à la Parole et pour moi, cela signifie faire le choix concret de lui laisser plus d’espace dans ma vie. J’aime jeûner une fois par semaine pendant le carême et prendre le temps de prier avec la Parole de Dieu à la place du repas pour faire de nouveau l’expérience qu’elle me nourrit vraiment. Souvent je choisis un livre de la Bible que je connais moins bien et je le lis, je le prie et je cherche des commentaires dessus, pour entrer dans une plus grande proximité avec cette Parole que je connais moins. C’est toujours une découverte très heureuse et profonde.
La Parole de Dieu est le cœur de ma vie:
Je la médite, je contemple le Seigneur grâce à elle, j’apprends à le découvrir à l’œuvre dans ma vie, je l’étudie aussi (je suis passionnée par le travail du texte en hébreu)… et puis elle est le cœur de ma mission. C’est grâce à la Parole de Dieu que nous offrons aux gens la possibilité de vivre des temps de retraite et de découvrir l’amour infini de Dieu pour chacun d’eux. Pendant le Carême, nous sommes invités à revenir à la Parole et pour moi, cela signifie faire le choix concret de lui laisser plus d’espace dans ma vie. J’aime jeûner une fois par semaine pendant le carême et prendre le temps de prier avec la Parole de Dieu à la place du repas pour faire de nouveau l’expérience qu’elle me nourrit vraiment. Souvent je choisis un livre de la Bible que je connais moins bien et je le lis, je le prie et je cherche des commentaires dessus, pour entrer dans une plus grande proximité avec cette Parole que je connais moins. C’est toujours une découverte très heureuse et profonde.
Cette année, je pense que je vais lire le livre de l’Ecclésiaste (ou Qohelèt). Et la Parole de Dieu ne va pas sans la Parole des autres : quelle est cette année la parole de frères et sœurs qui sont en plus grande souffrance que je vais écouter pour me laisser transformer et devenir plus humaine ? Je pense cette année me mettre à l’écoute de témoignage de femmes qu’on n’écoute pas assez, des femmes utilisées comme des objets. J’entends en accompagnement beaucoup de femmes dont on essaye d’écraser la liberté et la volonté. Ce sont elles que je veux écouter spécialement aujourd’hui : pour commencer en regardant le film « Human » dans lequel des femmes témoignent, la suite du carême me servira justement à trouver comment écouter ces femmes, où entendre leur voix…
Enfin le jeûne et l’aumône !
L’un ne va pas sans l’autre pour moi. Matériellement, en communauté, nous choisissons souvent d’avoir un repas de jeûne par semaine et de partager quelque chose de nos revenus à ceux que nous voyons autour de nous comme en ayant le plus besoin. En plus de cela, ici à Vogan, nous avons un centre de formation humaine et spirituelle, une maison d’accueil où beaucoup de monde passe… et un jardin avec des citronniers très généreux. Nous proposons aux personnes qui viennent chez nous de repartir avec des citrons verts et de laisser une offrande pour les personnes âgées et malades de la paroisse à côté de nous. C’est une manière à la fois de partager les fruits de notre jardin et à la fois d’entraîner d’autres avec nous dans cette chaîne de solidarité.
Personnellement, je choisis toujours un jeûne que je nomme « spirituel » et qui m’aide à aimer davantage (c’est ça mon aumône). Une année, j’avais choisi de travailler sur moi pour ne pas trop râler (pour offrir aux autres autour de moi moins de négativité), c’est le jeûne de la langue. Pas impossible que j’y revienne d’ici peu de temps d’ailleurs… La conversion est un chemin progressif, il faut parfois repasser par certaines étapes !!! Ce sera peut-être aussi cette année renouer des liens que j’ai pu laisser se distendre avec l’une ou l’autre personne qui compte pour moi et envers qui j’ai manqué de présence parce que je me suis laissée manger par la vie… La décision définitive n’est pas encore prise… il me reste quelques heures au moment où j’écris ces lignes avant d’entrer dans le carême. Le Seigneur saura bien me montrer par où passe le chemin vers plus de vie et d’ouverture pour moi cette année.
Personnellement, je choisis toujours un jeûne que je nomme « spirituel » et qui m’aide à aimer davantage (c’est ça mon aumône). Une année, j’avais choisi de travailler sur moi pour ne pas trop râler (pour offrir aux autres autour de moi moins de négativité), c’est le jeûne de la langue. Pas impossible que j’y revienne d’ici peu de temps d’ailleurs… La conversion est un chemin progressif, il faut parfois repasser par certaines étapes !!! Ce sera peut-être aussi cette année renouer des liens que j’ai pu laisser se distendre avec l’une ou l’autre personne qui compte pour moi et envers qui j’ai manqué de présence parce que je me suis laissée manger par la vie… La décision définitive n’est pas encore prise… il me reste quelques heures au moment où j’écris ces lignes avant d’entrer dans le carême. Le Seigneur saura bien me montrer par où passe le chemin vers plus de vie et d’ouverture pour moi cette année.
Et c’est bien pour ça que je vis le Car-aime chaque année, parce qu’il est une opportunité de m’ouvrir peu à peu à la vie qui nous est donnée en abondance chaque jour, et dont nous faisons mémoire à Pâques. Déchirer mon cœur, ce n’est rien d’autre que laisser le Seigneur le toucher vraiment en décidant de ne plus résister pour qu’il m’apprenne à aimer davantage le monde, moi-même et lui à travers tout cela. Me demander où sont les lieux où la vie ne circule pas bien en moi, n’a rien de culpabilisant, mais c’est au contraire dynamisant. Et c’est pour ça que je n’aime pas parler d’efforts de carême. On risquerait de s’arrêter ensuite en se réjouissant que le temps de l’épreuve soit enfin terminé ! Le carême, c’est plutôt un tremplin pour le reste de ma vie, ce que je commence là, c’est ce que je désire vivre chaque jour. C’est un peu comme réactualiser ou rafraîchir une page sur internet. C’est bien pour continuer à surfer plus facilement ensuite.
Écoutant le battement de cœur de la terre : « Compassion » par Mary Southard
Et c’est bien pour ça que je vis le Car-aime chaque année, parce qu’il est une opportunité de m’ouvrir peu à peu à la vie qui nous est donnée en abondance chaque jour, et dont nous faisons mémoire à Pâques. Déchirer mon cœur, ce n’est rien d’autre que laisser le Seigneur le toucher vraiment en décidant de ne plus résister pour qu’il m’apprenne à aimer davantage le monde, moi-même et lui à travers tout cela. Me demander où sont les lieux où la vie ne circule pas bien en moi, n’a rien de culpabilisant, mais c’est au contraire dynamisant. Et c’est pour ça que je n’aime pas parler d’efforts de carême. On risquerait de s’arrêter ensuite en se réjouissant que le temps de l’épreuve soit enfin terminé ! Le carême, c’est plutôt un tremplin pour le reste de ma vie, ce que je commence là, c’est ce que je désire vivre chaque jour. C’est un peu comme réactualiser ou rafraîchir une page sur internet. C’est bien pour continuer à surfer plus facilement ensuite.
Écoutant le battement de cœur de la terre : « Compassion » par Mary Southard
Alors en marche ! Le Mercredi des Cendres est le premier jour du reste de ma vie !!!
Bon Car-Aime à chacun et chacune !
Article écrit par sœur Marielle, communauté de Vogan.