Au service des Equipes Magis, avec goût et joie
Sœur Anne-Catherine Simon du Cénacle coordonne les Equipes Magis en Ile-de-France (Paris et Versailles). Elle est la témoin émerveillée de la vie spirituelle des jeunes[i], de leur dynamisme vital mais aussi de leurs difficultés, comme celle de faire des choix par exemple.
Quatorze accompagnateurs – des laïcs, seuls ou en couple, des jésuites de diverses nationalités, des religieuses ignatiennes – se mettent à leur service pour les faire grandir humainement et spirituellement tout au long de l’année. L’année n’a pas été simple. Mais le goût savoureux et la gratitude dominent. Le Seigneur travaille au cœur de nos vies, il est avec nous ; des fruits l’attestent. J’assure le lien avec les accompagnateurs : appel en début d’année, supervision, formation.
Deux aspects de ma mission ont eu particulièrement du goût pour moi. D’une part, les visites de quelques équipes sur le terrain pendant leur réunion habituelle. D’autre part, le lien avec les accompagnateurs, notamment les nouveaux, pour les aider à trouver leur manière propre d’accompagner les jeunes qui leur sont confiés. Les visites sont une occasion bénie de rencontrer les jeunes directement, de se connaître mutuellement, de donner à voir le Réseau Magis, d’être témoin des accompagnateurs en mission… et, simplement, d’être accueillie gratuitement.
[i] Soit quatre-vingts jeunes de 18 à 25 ans répartis en dix groupes. Deux tiers d’entre eux sont étudiants et un tiers jeunes professionnels.
Ce que j’entends chez ces jeunes, qui me réjouit ou m’interpelle, c’est le fait qu’ils éprouvent une gratitude pour la qualité et la richesse de leur vie en équipe, notamment dans les partages en vérité et en profondeur, dans les relations aux autres ; je découvre une ouverture de fond associée à un besoin vital de se poser et se soutenir entre jeunes catholiques.
En effet, ils se sentent souvent isolés au milieu du monde étudiant ou professionnel, et parfois dans leur propre famille, avec des vies bien remplies « en flux tendu » composées d’activités multiples, de trajets et marquées par le stress. Il est important et difficile pour eux de faire des choix pour « ordonner » leur vie, pour savoir dire non, pour trouver une formation ou un travail qui ait du sens et de la cohérence. Ils méconnaissent le Réseau Magis, souvent leur vue se limite à leur équipe. Chez certains la distance vis-à-vis de l’Église ou de la messe est frappante pour divers motifs.
L’identité sexuelle occupe une grande place dans l’équipe, adossée à une faible représentation masculine, treize garçons sur quatre-vingts jeunes dans les équipes d’Île-de-France.
Photo : Session Magis à Penboc’h, été 2022, © Réseau Magis
Ce que j’entends chez ces jeunes, qui me réjouit ou m’interpelle, c’est le fait qu’ils éprouvent une gratitude pour la qualité et la richesse de leur vie en équipe, notamment dans les partages en vérité et en profondeur, dans les relations aux autres ; je découvre une ouverture de fond associée à un besoin vital de se poser et se soutenir entre jeunes catholiques.
En effet, ils se sentent souvent isolés au milieu du monde étudiant ou professionnel, et parfois dans leur propre famille, avec des vies bien remplies « en flux tendu » composées d’activités multiples, de trajets et marquées par le stress. Il est important et difficile pour eux de faire des choix pour « ordonner » leur vie, pour savoir dire non, pour trouver une formation ou un travail qui ait du sens et de la cohérence. Ils méconnaissent le Réseau Magis, souvent leur vue se limite à leur équipe. Chez certains la distance vis-à-vis de l’Église ou de la messe est frappante pour divers motifs.
L’identité sexuelle occupe une grande place dans l’équipe, adossée à une faible représentation masculine, treize garçons sur quatre-vingts jeunes dans les équipes d’Île-de-France.
Photo : Session Magis à Penboc’h, été 2022, © Réseau Magis
Par ailleurs, la journée de formation des accompagnateurs et acteurs du Réseau, fin mars, avait pour thème « Dans la fragilité, accompagner ». Avec le recul, je suis saisie de constater combien cette fragilité est notre lot commun. Fragilité de notre monde, entre Covid, guerre en Ukraine, crise écologique, incertitudes politiques… Fragilité des jeunes, aux prises avec leurs questionnements existentiels d’études, de travail, de vie affective, d’identité, d’engagements… Fragilité des accompagnateurs, jonglant souvent avec les incertitudes liées à la présence ou à l’absence des membres de leur équipe, les contraintes sanitaires évoluant au fil des mois et des semaines, l’accueil de leur propre vulnérabilité et de celle des jeunes… Fragilité du Réseau, reflétant notre pâte humaine… En tout cela, je crois qu’il est juste de nous laisser accompagner par le Christ et guider par son Esprit, pour cheminer ensemble pas à pas.
Dans la pédagogie des Équipes Magis, il y a des piliers et des valeurs particulièrement pertinents pour les jeunes dans le monde actuel (Ad Majorem Dei Gloriam). A leur humble mesure, les équipes Magis, par leur pédagogie, rendent gloire à Dieu par les jeunes et pour les jeunes.
Je cite notamment l’exercice des « pierres blanches/noires »[i] qui est vraiment aidant pour s’initier à la relecture de sa propre vie… Peut-être certains pourraient-il progresser en apprenant à commencer par la gratitude en toutes circonstances.
[i] Les « pierres blanches » sont les événements heureux de ma vie, qui me réjouissent, me font grandir, augmentent ma foi (en Dieu, en les autres, en moi-même) ; elles deviennent autant de motifs d’action de grâce pour la présence du Seigneur dans ma vie. Les « pierres noires », au contraire, sont les moments plus douloureux de ma vie, qui me font souffrir, buter, douter de la présence du Seigneur avec moi.
De plus les thèmes de partage contribuent à l’unification de sa vie et l’incarnation de sa foi. Le climat créé par l’écoute bienveillante jusqu’au bout et la parole libre entre jeunes et accompagnateurs aident à se construire et à être soi-même en vérité avec ses convictions et ses doutes. Il y a enfin le positionnement à la fois proche et fraternel de chaque accompagnateur aîné dans la foi et sa nécessaire adaptation pour accompagner en souplesse en fonction des attentes des jeunes pour la préparation, le lieu, le rythme et le style des rencontres. L’accompagnateur est donc vraiment au service de leur croissance humaine et spirituelle.
Merci à chaque jeune et à chaque accompagnateur de me permettre de vivre ainsi cette mission… Merci à ceux qui nous ont précédés et inspiré cette belle pédagogie pour les jeunes… Merci Seigneur de tenir ta promesse d’être avec nous tous les jours, « consolide l’ouvrage de nos mains » !
Photo : Rassemblement inter-équipes Magis avec des jeunes venus de toute la France © Réseau Magis
De plus les thèmes de partage contribuent à l’unification de sa vie et l’incarnation de sa foi. Le climat créé par l’écoute bienveillante jusqu’au bout et la parole libre entre jeunes et accompagnateurs aident à se construire et à être soi-même en vérité avec ses convictions et ses doutes. Il y a enfin le positionnement à la fois proche et fraternel de chaque accompagnateur aîné dans la foi et sa nécessaire adaptation pour accompagner en souplesse en fonction des attentes des jeunes pour la préparation, le lieu, le rythme et le style des rencontres. L’accompagnateur est donc vraiment au service de leur croissance humaine et spirituelle.
Merci à chaque jeune et à chaque accompagnateur de me permettre de vivre ainsi cette mission… Merci à ceux qui nous ont précédés et inspiré cette belle pédagogie pour les jeunes… Merci Seigneur de tenir ta promesse d’être avec nous tous les jours, « consolide l’ouvrage de nos mains » !
Photo : Rassemblement inter-équipes Magis avec des jeunes venus de toute la France © Réseau Magis
Le Réseau Magis :
L’activité du Réseau Magis consiste en des temps forts ponctuels (retraites, week-ends, sessions, camps chantiers…) et des réunions de groupes, tout au long de l’année (Equipes Magis). La dimension de collaboration est très marquée : les propositions sont co-animées par des jeunes et des aînés, laïcs, religieuses et jésuites.
Sr Anne-Catherine SIMON, communauté du Kremlin-Bicêtre.
Article paru dans la Revue Vie Chrétienne n°80 – Novembre/Décembre 2022, Rubrique « Ensemble faire communauté », p.32-33.